25‏/08‏/2017

Moha Oukziz// «La France Insoumise»,embryon dénaturé de l’expression révolutionnaire.

Nous avons fait le choix d’écrire sur ce qui se passe en France au lieu de couvrir les luttes au Maroc et les analyser encore une fois.

Nous souhaitons se pencher cette fois ci, encore une fois, sur les questions concernant la crise que traverse le mouvement révolutionnaire en France. Dire au sujet de la FI et susciter débat ou discussions autour des politiques des mouvements qui sont nés récemment. Je ne discuterai pas des personnes en tant que telles, ce qui m’importe ce sont les idées et l’analyse de la situation politique avec l’objectif de faire émerger la critique et l’autocritique au sein des militants. J’invite donc les camarades, amis à cet exercice parce que sans la critique et l’autocritique, les idées et idéologie de la bourgeoisie continueraient de régner et tous les efforts de changement et de transformation de la société resteraient vains. 
La «France insoumise», à l’image des mouvements et fronts en Grèce, Espagne, Allemagne, s’est constituée sur les ruines et la crise profonde que traverse le mouvement ouvrier en France, ainsi que suite à l’échec des partis communistes de transformer les sociétés capitalistes dans le continent depuis la révolution bolchevique en 1917.
En France, le PCF parti révolutionnaire de par sa naissance, chemin faisant, s’est transformé en parti de la collaboration de classe. Sa politique et sa ligne d’alliance derrière la bourgeoisie sont de nature à assurer la cohésion de la société capitaliste alors même qu’il se proclamait du communisme. Pas à pas, direction après direction, le PCF est devenu parti conformiste et bureaucrate lié à la bourgeoisie et il a abandonné tout lien avec la classe ouvrière, si ce n’est que user du suffrage universel pour, non pas conquérir le pouvoir, mais pour participer à la gestion des affaires publiques sous la domination de la bourgeoisie, ce qui n’était pas négligeable en matière d’acquis sociaux..ce sont les conquêtes sociales, dit-on!
La classe ouvrière en France s’est constituée en parti politique, le PCF, depuis 1920, trois ans après la révolution bolchevique. Événement, naissance du parti communiste français, auquel avaient participé les grandes figures révolutionnaires du monde. Vingt ans après, le parti de la classe ouvrière a changé complètement le fusil de l’épaule et la conquête du pouvoir est tombé à jamais de son ordre du jour. Ce dernier a opté une autre stratégie, celle qui consiste à abandonner la direction politique et idéologique des luttes au profit de la bourgeoisie et ce, au nom même des slogans comme «le centralisme démocratique». Le PCF a été conduit dans une voie où sa direction se considérait prisonnière d’un modèle du « socialisme inadapté à notre pays et à notre époque» pour finir de se jeter dans les bras du PS. C’est le révisionnisme. Cette voie de se rallier derrière la bourgeoisie et son parti PS était motivée par les directions du PCF comme étant une «stratégie de marche démocratique». Toutefois, le PCF s’était tourné vers les revendications sociales et avait abandonné toute idée de structurer la classe ouvrière et d’organiser et diriger les alliances afin de renverser le capitalisme en France, dorénavant toutes les structures et organisations ouvrières n’avaient eu d’objectif que de vendre au meilleur prix la force du travail..(SMIC, retraite, congés payés, soins, chômage, etc)
L’alliance PCF derrière la bourgeoisie( PS) s’est manifestée sous forme du célèbre programme commun de 36, toutefois aussi depuis l’établissement du système universel de la Sécurité sociale en 45 au dépens de l’abandon de la prise du pouvoir au niveau national et aussi dès la reconnaissance du PCF de l’Union française et l’abandon des mouvements révolutionnaires au niveau international. Le PCF, pendant les années 50 et 60 du siècle dernier recommandait aux «partis communistes frères» dans les anciennes colonies de la France de faire retarder et de ne pas évoquer l’indépendance et la révolution démocratique dans ces colonies et leurs conseille de se rallier aux bourgeoisies locales. 
Pourquoi citer ces quelques éléments concernant le PCF alors que le sujet est la FI ? 
Le premier intérêt est pédagogique, le second est de contextualiser l’émergence des mouvements tels la FI après l’échec du PCF à conduire le mouvement ouvrier à transformer la société capitaliste et sa mutation en parti conformiste. Ce mouvement-parti ( FI) a annoncé par la voix de son leadership, JL Mélenchon, son anticommuniste et son anti-bolchevisme ainsi que comme témoigne son programme électoral devenu programme du mouvement FI lui même. 
Force est de constater que ce mouvement FI ait pu attirer vers lui des masses, des «gens» comme dise le candidat de la FI afin de voter et élire le Président de la République et réaliser sa «révolution citoyenne» pour constituer la «VI République ». Ces slogans sont une tromperie parce qu’ils laissent croire que la FI est un mouvement révolutionnaire qui prétend la transformation de la société, alors qu’il n’en est rien. 
Comme le «socialisme à la française» du PCF, la «révolution citoyenne» de la FI n’a de sens et de contenu que la manœuvre politicienne et démagogique de la classe ouvrière et l’ensemble des classes dominées et exploitées par la bourgeoisie. D’un pseudo-projet de société pour le PCF à une participation au fonctionnement des affaires de l’État pour la FI avec son atterrissage au parlement par 18 élu(e)s, le mode et le système de production capitaliste n’a jamais été mis en cause par la FI. Son modèle économique et politique se résume en une société libérale dont l’État appliquerait une politique sociale en la faveur des classes populaires et rien d’autre. 
L’adjectif «citoyenne» de la «révolution» de la FI indique une idée et une démarche de la dite «révolution» et en détermine la substance. En s’appuyant sur le programme de FI pour les élections devenu programme du mouvement-parti, la «révolution citoyenne» ne signifie pas la révolution sociale économique et politique dont le concept est la transformation de la société capitaliste, au contraire elle désigne la réforme de l’État et l’équilibrage entre les pouvoirs réglementaire et législatif afin de permettre l’action de l’État libéral en matière des services publiques. Pour illustration «la révolution citoyenne» de FI ne traite pas des questions des rapports de production, des forces de production et du capitalisme. La citoyenneté de la «révolution» de FI renvoie à des réclamations de droits sociaux dans le cadre de la société capitaliste et dont la violence légitime revient à un État qui s’appuie sur le principe de la propriété privé des biens sociaux , autrement dit la base idéologique et matérielle de cet État imaginé et souhaité par la FI est la déclaration des droits des l’homme et du citoyen de 1789 et non la propriété collective des biens sociaux. 
La FI s’inspire de la philosophie dite des «Lumières» et condamne le socialisme. Et pour rappel la citoyenneté contenu dans la DDHC de 1789 est celle non de tous les citoyens mais simplement d’un genre de citoyen, le bourgeois. Ce citoyen qu’a désigné la DDHC et qui est au cœur de sa philosophie est celui qui doit être protégé par l’État et doit être libre de faire le commerce et l’industrie, c’est la liberté d’entreprendre ou la liberté du commerce et de l’industrie. Cette citoyenneté de la philosophie des lumières a produit les décrets d’Allarde et loi Le Chapelier en 1791. Ce n’est que plus d’un siècle et demi que la classe ouvrière a pu arracher des acquis sociaux sans pouvoir disposer du pouvoir et renverser le capitalisme libre et non financier cher à la FI. 
Le citoyen lambda d’après la révolution bourgeoise de 1789 ne disposait pas des mêmes droits que son homologue bourgeois ni de ceux du citoyen de nos jours, par exemple le premier code du travail date seulement du 20e siècle. C’est dans un processus de luttes de classe acharnées que le citoyen actuel a pu vivre ainsi et disposer de service public pour la période dite «d’age d’or du service public». Je rappelle dans ce sens que le service public a été établie en Droit après la seconde révolution de 1848 et surtout après 1871, c’est à dire après la Commune de Paris. Par conséquent, la citoyenneté est fruit des luttes de classe. 
Or la citoyenneté et la révolution dans la littérature FI renvoient à des contre-vérité et surtout à une démarche électorale sans concept de société sérieux, une démarche qui s’appuie sur l’illusion et surtout sur la volonté des dirigeants de la FI d’écarter la classe ouvrière et le peuple français de la prise de conscience d’une réelle révolution. Écarter l’histoire des luttes ouvrières par la FI et ne se maintenir qu’à la révolution bourgeoise de 1789 et ses idéaux, DDHC compris, ne peut signifier que la collaboration de classe et le conformisme de la FI.. ne peut signifier que le ralliement de la FI aux principes qui régissent la société capitaliste. 
Comme le «socialisme à la française» du PCF qui signifiait tout sauf le socialisme en France, La révolution au sens de FI est une démarche électoraliste habillée par un langage populiste qui signifie tout sauf la révolution et on peut même dire que la «révolution citoyenne» de FI signifie tout sauf la citoyenneté au sens où celle ci soit l’organisation et l’appropriation des citoyens de la propriété collective des biens sociaux et l’abolition de la propriété privé de ces même biens. La citoyenneté que résume la FI au droit de vote et quelques acquis sociaux à reconquérir n’est pas la citoyenneté qui désigne l’appropriation collective des biens sociaux et des biens communs. 
Nous considérons que la citoyenneté signifie l’interdiction de l’exploitation capitaliste du digne corps humain et de ses forces de travail, elle signifie aussi l’abolition des rapports actuels entre le capital et le salaire, c’est l’abolition du salariat. Si la DDHC, chère à la FI, a incarné la liberté du commerce et de l’industrie, en premier lieu le commerce du corps humain à travers la vente de sa force de travail, la liberté telle que nous l’a concevons est celle de s’affranchir de ce même commerce et par conséquent, abolir les rapports de production capitaliste est le cœur de la liberté et de la citoyenneté. Ce concept de la citoyenneté et de la révolution n’est pas celui de la FI. Celui de la FI est à l’opposé puisqu’il se constitue en concept de la citoyenneté à la bourgeoise.
La philosophie des droits de l’homme et du citoyen à laquelle nous adhérons est l’abolition du capitalisme. Celle de la FI est de celle de remanier le capitalisme. En ce sens, la FI est un mouvement à l’image des fronts et mouvements nés du vide créé par le révisionnisme des partis communistes en Europe et la crise du mouvement révolutionnaire au niveau mondial. Nous disons comme nous l’avons dit à l’égard de Syriza ou Podemos, que la FI, à cet égard, est un front défenseur du capitalisme. Dans tous les cas, la FI n’œuvre pas pour le socialisme. 
La voie électorale n’est pas un alibis ni un moyen pour la FI aboutissant à l’affranchissement du capitalisme. Cette objectif révolutionnaire et citoyen est totalement exclu de toute la réflexion et la démarche de la FI au nom de sa «révolution citoyenne». Économiquement, la FI ne se réfère au mieux qu’aux penseurs des «Lumières» et encore au mieux à Keynes. Marx quant à lui, il lui est inconnu et encore moins Lénine qu’elle condamne à travers la condamnation de la révolution bolchevique.
Moha Oukziz, 23/08/2017, France.



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