Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres.
Votre voyage politique et d’affaires prévu le 19 et 20 septembre dans mon premier pays le Maroc m’interpelle à plusieurs niveaux.
Depuis que vous êtes au pouvoir, vous n’avez pas oublié de souligner le caractère « exceptionnel des relations entre Paris et Rabat », comme l’ ont fait , dit-on, vos prédécesseurs. L’ancienne force colonialiste que vous représentez et gouvernez s’attache particulièrement à consolider ses liens avec son ancienne colonie et veille à les renforcer aux dépens du progrès et de l’émancipation du peuple marocain et de son droit à un régime démocratique.
Or, monsieur le Président, mesdames et messieurs les ministres, en voyage, vous faites du régime anti-démocratique du Maroc votre allié, sous protectorat de la Ve République, bien que ce régime ait du sang sur les mains, que ses prisons soient un lieu de non droit et que les prisonniers politiques soient entassés dans les prisons royales, sans parler de la situation des détenus de droit commun qui ne disposent d’aucun droit élémentaire de vie d’être humains. Et pourtant , Mesdames et Messieurs les ministres en voyage avec son Excellence le Président de la République ce week end à Tanger, la question de la démocratie au Maroc et de la torture ne vous inquiètent point. Je vous invite, monsieur le Président à consulter les communiqués des détenus politiques à Oujda, Taza, Fes, Meknes, Marrakech, Agadir etc et surtout de lire le livre « les tortionnaires », certes rédigé en arabe par des détenus politiques mais dans vos rangs, vous avez d’excellentes ministres qui peuvent vous traduire fidèlement le contenu.
Monsieur le Président, mesdames et messieurs les ministres,
Vous avez fait voter la convention d’entraide judiciaire franco-marocaine. Une des plus rétrogrades conventions signées par la République avec la monarchie depuis 1957.
L’agenda de votre voyage ne peut que conforter le régime marocain antidémocratique et désenchanter le peuple marocain qui aspire à une vie digne sur le plan économique, politique et social.
l’agenda de votre voyage ne s’interroge même pas sur la question démocratique du pays et la situation des libertés bafouées au quotidien dans ce pays le Maroc. Le traitement au quotidien réservé aux administrés marocains libres ou emprisonnés ou en rétention est fait de tortures, humiliations, harcèlements etc. Je sais que les intérêts des entreprises françaises passent avant toute considération politique et humaine. Les 36 entreprises françaises du CAC40 présentes au Maroc qui exploitent les richesses humaines et naturelles de ce pays ne pourront pas vous permettre de traiter les questions d’avenir existentielles pour le peuple marocain: disposer de ses richesses et en vivre dignement sous un régime démocratique. La France est le premier « partenaire économique » du Maroc. La France est le premier client du Maroc, la somme des exportations des entreprises françaises au Maroc est de l’ordre de 2,5 Milliards d’euro. Plus de 750 filiales d’entreprises françaises sont implantées au Maroc, dont 36 sont côtées au CAC40, et exploitent 120000 salariés. Vous voyez monsieur le Président, mesdames messieurs les ministres, les relations dites de partenariat économique au Maroc, en réalité relations d’aliénation économique du Maroc sont fortes et bien puissantes. Le résultat, le peuple marocain ne dispose pas de ses richesses spoliées par vos entreprises et pour ce faire, vous avez besoin d’un régime antidémocratique pour arriver à satisfaire le « partenariat économique » autrement dit l’exploitation des richesses du pays et le peuple marocain. Il est donc naturel pour vous que vous vous envoliez au service de vos entreprises et de votre régime monarchique que vos ancêtres en mis en place suite aux accords d’ Aix-les-Bains. Il est naturel pour vous de renforcer et d'aggraver l’aliénation de l’économie du Maroc à celle de la France et ce ne sont pas Antoin Frerot ( Véolia) ni Patrice Caine (Thalès), Pierre Mongin (Engie, ex GDF Suez) ou encore Guillaume Pépy (SNCF), ni même Jamel Debbouz et Tahar Benjelloun et Jacque Lang, qui font partie du voyage, qui diront le contraire.
Monsieur le Président, mesdames et messieurs les ministres.
Contrairement à vos entreprises dans les secteurs de l’automobile, le bâtiment, le transport, les mines , l’énergie et les métaux qui exploitent à merveille et farouchement les richesses du Maroc et détruisent l’environnement et ses éco-systèmes, le peuple marocain n’attend rien de vous mais permettez –moi, à titre personnel, en tant que citoyen français et marocain à la fois, de demander:
- la liberté de tous les prisonniers politiques au Maroc ( à Fes, Taza, Oujda, Marrakech, Agadir, Tiznit etc),
- de mettre fin aux traitements d’humiliation, de torture et de harcèlement dont les détenus font l’objet au quotidien, y compris les détenus de droit commun,
- de poursuivre les officiels marocains visés pour actes de torture et de complicité de torture et de permettre aux magistrats français de les traduire en justice en France;
- d’interdire de renvoyer les plaintes en France devant les tribunaux au Maroc et de permettre aux magistrats français de ne pas se dessaisir au profit des juges marocains. Oh combien, vous savez que la « justice » au Maroc est au service des pouvoirs politiques et n’est pas indépendante, beaucoup moins que la « justice » en France dont l’indépendance est mise en cause par vos protocoles en faveur de votre cher régime antidémocratique protégé.
Enfin je vous demande d’abandonner la convention « d’entraide judiciaire franco-marocaine » qui se veut confiante « dans le système judiciaire marocain ».
Fait en France, citoyen Moha Oukziz. le 18 septembre 2015.
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