17‏/11‏/2018

Les Militants Marocains à l’Étranger M.M.E //Que faire… mouvement 17 novembre en France

1- Que faire ..ma citoyenneté


Il semble que, depuis Mai 68, la classe populaire française ne cesse de devenir stable, selon l’expression utilisée par d’Etienne de la BOETIE, dans son ouvrage « discours de la servitude volontaire». Elle n’est plus à la hauteur de conserver le minimum des acquis réalisés par celle de l’époque.
En outre, la rareté des activistes qualitatifs et des militants typiques implique l’absence de la créativité dans diverses situations critiques (1995- 2001- 2008 etc…), à travers lesquelles, des éventuelles actions politiques pourraient renverser la donne en faveur de la classe ouvrière et ses alliés.

Cependant, Les citoyens perdent, de plus en plus, leur citoyenneté, car ils abandonnent, en permanence, leur droit de lutte, voire leur statut en tant que «individus intégraux» … Ils sont capables d’être contents de peu. Leurs intérêts se limitent à deux préoccupations : le foot et le «pour-vivre» sans vie décente. On dirait qu’ils sont entrain d’abandonner leur projet historique.

Le projet qui vise une transformation radicale de la situation précaire en faveur d’une société de partage des richesses, mais aussi des pouvoirs, des savoirs et des rôles, une société sans classes, sans guerres, dépassant les nations ; une société où exploitation et aliénations sont abolies, est-il encore aiguillon, structurant et au coeur des actions et mouvements populaires.

2- Que faire.. cette même classe populaire, en face d’elle-même ?

Elle doit être (déstabilisée) réveillée, prête de prendre le flambeau et reprendre le premier rang, à s’opposer radicalement au capitalisme et à son idéologie. Elle doit être l’objectif et le chemin menant à une société dont le but et le moyen deviennent progressivement le développement émancipé de tous les prolétaires. En ce sens, les luttes immédiates à organiser et les rassemblements à construire doivent contribuer à ouvrir le chemin vers cette nouvelle société.

Le rôle des activistes qualitatifs et des militants typiques est donc inséparables d’objectifs sociaux ambitieux, de pouvoirs et de moyens financiers nouveaux qui dessinent une étape radicale vers un début d’un but final.

3- Que faire.. la classe populaire et ses alliés, en face de la crise du système capitaliste et ses contradictions d’une profondeur inédite ?

La situation actuelle ouvre une nouvelle période historique, et aide à créer des conditions idéales devant le prolétariat. Attendu qu’avec la révolution technologique informationnelle, et ses exigences de partage, la perspective d’aller « au-delà » du marché capitaliste prend un caractère plus concret.

Le développement des capacités de chacune et de chacun, l’émancipation de la personne dans toutes ses dimensions, deviennent nécessaires pour le bien commun de toute la société. Ceci rencontre les formidables aspirations à l’émancipation personnelle. Les besoins nouveaux de créativité dans le travail comme dans le débat démocratique, au sein des syndicats et différentes institutions représentatives, poussent en faveur d’une prise de pouvoir par les travailleurs dans l’entreprise et les citoyens dans les institutions locales, régionales et nationales.

Tout le système de délégation de pouvoir doit être dépassé, comme y invite la crise profonde de la démocratie parlementaire, mais aussi l’étouffement de la créativité des salariés dans les entreprises par les monopoles de pouvoirs patronaux. Un dépassement du capitalisme pour l’abolir est une idée qu’il s’agirait de formuler et la mettre en œuvre.
C’est un processus de transformation révolutionnaire et démocratique que les classes populaires doivent aller chercher et construire, en tant que projet réel et réalisable, et le faire vivre au cœur des luttes sociales.

Ce propos ne suppose aucun grand débat sur ce que peut être le dé- passement du capitalisme. La quintessence d’un livre «Le capitalisme expliqué à ma petite fille» de jean ZIEGLER (ex-rapporteur de l’ONU sur le droit à l’alimentation), nous explique pourquoi une révolution est nécessaire : « …le capitalisme doit être éliminé, détruit, comme l’esclavage, comme le colonialisme, comme le féodalisme ou comme la discrimination envers les femmes etc.… Le capitalisme est un système économique et social qui ne peut être réformé, qui ne peut être humanisé. L’esclavage, par le passé, ne pouvait pas être humanisé. Le colonialisme non plus… Ce capitalisme qui détruit la planète, qui donne d’énormes fortunes à quelques-uns, doit être abattu. Peut être abattu par des armes que nous avons et fera place à un ordre du monde basé sur la solidarité entre les peuples et les hommes sur la réciprocité et la complémentarité…»

4- Que faire..la classe populaire et ses alliés, en face de l’ordre du jour mondial

Loin de la fin de l’histoire, les concurrences inter-impérialistes et les dominations ont été relancées : hyper-marchandisation du monde ; financiarisation massive débouchant sur la domination technologique et commerciale des multinationales ; unilatéralisme américain et renforcement de l’OTAN alors que le monde devenait déjà plus multipolaire.

La crise de 2007-2008, qui a frappé les seuls pays capitalistes développés, a fragilisé l’image du capitalisme et la position d’hégémonie mondiale des États-Unis. Cet impérialisme américain ne cesse à utiliser, d’une manière agressive, sa monnaie (le dollar) son avance technologique informationnelle, son poids économique et son potentiel militaire, pour relancer son hégémonie.

Par conséquent, des phénomènes de fond s’y opposent mais ils y échouent avec l’arrivée de TRUMP. On peut citer, par exemple :
- La révolution informationnelle accentue les contradictions entre développement des forces productives et rapports sociaux de production ;
- Les institutions politiques, financières, culturelles et politiques qui assuraient jusqu’ici l’hégémonie mondiale du capital sont ébranlées car elles deviennent incapables de canaliser le mécontentement des peuples.
- De nouvelles organisations émergent, dans une recherche d’émancipation vis-à-vis des tutelles dites occidentale (BRICS – Organisation de coopération de Shanghai – COP, etc.) sont aussi ébranlées.
- Un nouveau type de multilatéralisme se cherche, à travers des ententes zonales contre l’unilatéralisme et le protectionnisme américain, est toujours en difficulté.

Donc un axe de bataille essentiel, attend la classe populaire. Il s’agit de savoir pousser vers la construction d’un nouvel internationalisme, sur des nouvelles bases, capable d’opposer des réponses de coopération à ces logiques. C'est-à-dire faire vivre en toutes circonstances des valeurs humaines, anti-impérialistes. Valeurs de paix et de solidarité. Ceci demande une action continue contre les guerres, pour le désarmement et pour la paix, qu’il faut décider d’amplifier, doit aller de pair avec l’action contre l’insécurité sociale et économique.

L’objectif est de transformer radicalement les institutions internationales et de contribuer à l’avènement d’un instrument monétaire de coopération mondiale alternatif au dollar. Cela répond aux attentes de nombreux pays. Il faut donner une place bien plus grande à la dimension internationale de notre action et à notre apport à un autre mode de vie.

5- Que faire.. la classe populaire et ses alliés, face aux forces bureaucratiques et la progression du racisme et de la xénophobie

Avant la progression fatale du racisme et de la xénophobie, la classe populaire a vécu la domination de l’idée social-démocrate sur toute la gauche (et qui n’a pas persisté longtemps). Insuffisamment combattue, elle ne cesse de changer de look. Tout cela a ouvert la voie à une réaction néolibérale, ultra-réactionnaire et autoritaire ainsi qu’aux populistes qui ont rajouté au désarroi et à la confusion.

Attendu que, des solidarités nouvelles, selon ces forces, se nourrissent des divisions engendrées par le chômage et par la compétition pour l’accès à l’emploi. Ils s’appuient sur l’ampleur des discriminations, trop fréquentes dans les actions des autorités (police, gendarme, préfecture, poste…). Et aussi, sur la négation du droit au travail et au logement, de l’accès aux services publics dans les zones déshéritées, de l’accès au savoir et à la culture.

Ce front de réactionnaires, ils sont utilisés pour organiser la guerre de tous contre tous, à partir des replis identitaires et communautaires qui semblent seuls pouvoir répondre aux besoins de protection face aux violences sociales. En bref, Les forces réactionnaires vont de pair avec l’acceptation des guerres néocoloniales et du pillage des pays dominés qui engendrent des migrations de survie. Elles masquent le refus d’un grand essor des services publics pour répondre aux besoins. Ce front offre un terrain à l’instrumentalisation par des groupes sectaires, voire terroristes, des détresses sociales et morales qui frappent trop de jeunes.

L’ampleur de la classe populaire et ses militants est de fournir la bonne compréhension de la citoyenneté :

- Faire face aux humiliations insupportables, ces formes visibles de l’absence d’égalité réelle dans la société.
- De révéler l’ampleur et le caractère multidimensionnel des inégalités de classes.
- Les politiques migratoires et le traitement indigne des réfugiés et des demandeurs d’asile
Prendre conscience de son droit à se manifester...

6- Que faire.. la classe populaire et ses alliés, pour alimenter le mouvement du 17 Novembre 2018 : Impasse ou Issue.

L’aboutissement du processus des politiques « néolibérales » est accompli sous Macron et son équipe de gestionnaires.
L’État, de par sa Constitution financière et de sa gestion privée d’allure publique, n’a seulement transposé mais a appliqué les notions, principes et pratiques de l’économie et du commerce à ses administrations et à toute autre personne publique.

L’État dit régulateur s’est transformé en une personne, soit de droit public, mais d’actions et politiques sociales et économiques de nature digne de l’entreprise privée du CAC 40.
L’État est considéré opérateur comme toute autre personne morale agissant dans le marché. Autrement dit, par la force des normes nationales et européennes, l’Etat n’a plus le pouvoir d’agir pour réglementer et n’a plus le pouvoir non plus d’agir pour assurer la dite cohésion sociale.

L’État s’est destitué de ses prérogatives. La politique monétaire ne lui appartient plus, la politique sociale et économique non plus. Il s’est réduit à un simple arbitre soumis aux pouvoirs des centres financiers.

Par conséquent, il agit sans réserve au profit des dominants et écrase de plus en plus le peuple. L’État applique à merveille sa régulation en la faveur des classes dominantes. Même le soit disant intérêt général, il n’est plus au cœur de son action. C’est la liberté totale du marché qui marche sur le peuple.

Le chef de l’État entouré de gestionnaires à l’image d’une entreprise, fort d’un rapport des forces sociales organisé en sa faveur, mène à terme les politiques initiées par ces prédécesseurs depuis fin des années 80. Il achève le système social sur lequel s’est fondé l’Etat providence. L’heure est à la recomposition administrative, économique, sociale. Cette recomposition se structure autour de l’intervention directe des centres financiers privés dans la vie publique.

Par conséquent, la dégradation des services publics (modernisation disent-ils) est accélérée ces derniers temps. Les fossés sociaux se creusent de plus en plus et la pauvreté s’est paupérisée. Dans ce contexte, des mouvements sociaux et politiques se multiplient sans être organisés. Ces mouvements prennent des allures et des formes diverses et variées. les grèves, les manifestations, les pétitions, etc. et des émeutes.

Le mouvement lancé du 17 novembre s’inscrit dans ce contexte. le ras-le bol se généralise, toutes les couches populaires ne se sentent pas en sécurité, chômage massif, niveau de vie impitoyable, lieux de vie dégradés, territoires entiers abandonnés.

Le rouleau compresseur du marché écrase des populations et territoires entiers.

Toute politique publique est réduite à la comptabilisation et la budgétisation.Toute contribution, toute cotisation sociale est tenue pour charge, ce qui induit son allègement ou simplement sa suppression.

Le marché soutenu par l’opérateur, l’État, ne recule devant rien. Le capital se cumule de plus en plus et les forces de productions, les prolétaires sont réduits à rien, les « sans dents » pour reprendre l’expression de F Hollande ou les « sont rien » expression de M Macron. L’État régulateur accompagne la domination du marché dans toute la vie sociale et économique.
La restructuration de la société française s’étale dans tous ses domaines: économie, santé, éducation, logement, loisir, infrastructures, institutions etc. Toute la société est sous tension.

L’explosion sociale est palpable. les salariés, les privés d’emploi et de travail, les fonctionnaires, les familles, les jeunes les retraités, personne n’est épargné; tous s’inquiètent et angoissés. La grogne sociale se manifeste horizontalement et verticalement dans toute la société; mais dit-on où sont-elles les organisations politiques, syndicales etc de toute cette situation?

A l’occasion du lancement du mouvement du 17 novembre, ces organisations syndicales et politiques se sont rendus à leur exercice habituel. Elles calculent… elles prennent distances. Elles n’agissent pas, en tout cas pas dans le sens d’adopter organiser et porter les mouvements sociaux au plus haut pour changer la société.

Elles discutent des sujets marginaux, élections, leurs images, leurs intérêts. Leurs alliances, leurs places dans la société et celle de leurs cadres dans les institutions publics et privées.
Mouvement du 17 novembre ou pas , elles sont stériles. Elles maintiennent d’une façon ou d’une autre l’ordre social établi ; même si les discours prônent le changement de la société, changement de la Constitution etc.

Tous les mouvements sociaux syndicaux politiques dépassent en quelque sorte même les forces politiques et syndicales quand elles sont à l’initiative. Le peuple ne se retrouve plus dans les mots d’ordre de ces structures.

Ces organisations sont trop bureaucratisées, même celles qui se disent et se veulent dépasser les partis, elles sont rattrapées par la vie, par la force profonde qui anime le mouvement de toute la société.

Le mouvement du 17 novembre 2018, ne s’inscrit pas dans les questions que posent les médias et les partis et mouvements politiques et syndicats.
La question de la récupération et de la participation. Cette question est d’une stérilité politique de ceux qui la posent et ceux qui y répondent par oui ou non.

Une des questions qui ne se posent pas dans les rangs des partis politiques, les syndicats, les associations, les médias, c’est comment faire de ces mouvements de ces contestations, de ces grèves de ces émeutes une force bien solide pour changer la société actuelle?
Comment aider ces grèves, ces mouvements , ces manifs etc à se structurer et se doter de moyens pour, non seulement baisser le prix du Gazoil, augmenter les salaires, logement, école, hôpital, vacances…. etc( doléances et demandes légitimes), mais surtout comment organiser les masses qui se soulèvent en grève, en manif, en protestation, en mouvement etc, pour s’organiser en une autre société?
Comment fait-on pour que ces forces qui agissent peuvent s’organiser pour changer le mode de production capitaliste qui broie l’homme et la terre, comment libérer les forces productives du système de production capitaliste?
Ces questions et bien d’autres ne se posent pas dans les salons de rédactions, ni d’ailleurs dans les bureaux des secrétaires et des dirigeants des organisations syndicales, des partis politiques ou autres.

Par conséquent, le problème premier n’est pas celui de satisfaire ou non la demande de baisser les prix du Gazoil; le problème premier est celui d’organiser tout mouvement quel qu’il soit et lui donner sens pour se retrouver dans un grand mouvement, disons le qui se dirige vers renverser la société capitaliste.

Nous mettons à la disposition du lecteur, une leçon des mouvements de révoltes des peuples du la rive sud de la Méditerranée :

Les peuples ont dépassés par leurs mouvements leurs actions toutes les forces politiques syndicales confondues et ont manifesté massivement dans toutes les capitales de ces pays.
Les partis de gauche et les syndicats se sont retrouvés en marge de l’histoire, ils ont même appelé au calme et ont même condamné ces mouvements car mettent en cause la cohésion sociale, disent-elles.
Les seuls forces organisées et structurées, partis intégristes fascistes ont récolté le fruit. Ces forces réactionnaires ont pris le pouvoir et les peuples se sont retrouvés spoliés et dépourvus de leurs droits auxquels ils ont manifesté et révolté. Les fascistes se sont retrouvés portés à la tête et au pouvoir dans ces pays. Quant aux forces de gauche ils agonisent dans leurs structures bureaucratiques.

Les Militants Marocains à l’Étranger M.M.E    le 15/11/2018.






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