11‏/12‏/2021

Moha OUKZIZ // La propriété privée. Fondements et critiques


Préambule 

Pourquoi le sujet de la propriété privée? Parce que c’est l’argument qu’on jette à la figure des ouvriers pour les convaincre du capitalisme, parce que les militants et les organisations ouvrières ont la conviction ambiguë que la propriété privée (bourgeoise) est une idée dépassée et enfin parce que informer et former les ouvriers à ce sujet pourrait les aider à bien des égards.

Introduction 

Dans le Manifeste du Parti communiste, Marx et Engels exposent et développent les idées qui font des communistes «une fraction qui entraine les autres » et sur le plan de la théorie, les communistes «ont sur le reste du prolétariat l’avantage d’une intelligence claire des conditions, de la marche et des résultats généraux du mouvement prolétarien » (cf, Marx Engels, Manifeste du Parti communiste, p 48, éditions sociales, imprimé le 15 janvier 1975 par Karl-Marx_werk). (Toutes les citations entre guillemets sont du même livre).

Les deux hommes précisent que « les thèses des communistes  ne reposent nullement sur des idées, des principes inventés ou découverts par tel ou tel réformateur du monde ». Cela rejoint la thèse de Lénine qui consiste à dire l’analyse concrète de la réalité concrète. 

Ce qui nous intéresse ici c’est la propriété privée, la propriété bourgeoise, du point de vue des fondateurs du marxisme. Comment ils ont éclairé le sujet y compris l’abolition de la propriété privée (I) et ensuite quelles sont les critiques apportées par la bourgeoisie à cet égard (II) et enfin quelques réponses faites à ces critiques (III). 

I/ la propriété privée  et son abolition

Marx et Engels rappelle que «la Révolution française a abolit la propriété féodale». C’est-à-dire que la bourgeoisie a abolit la propriété féodale pour instaurer sa propre propriété, la propriété bourgeoise, la base matérielle de son régime capitaliste. Cette propriété privée sacralisée par toutes les lois actuelles.

Cette abolition de la propriété, toute propriété, n’est pas propre au communisme. Ce qui distingue alors le communisme c’est l’abolition de la propriété bourgeoise. Cette propriété bourgeoise repose sur les antagonismes de classe. Cette propriété privée moderne est «l’ultime et parfaite expression du mode de production et d’appropriation». 

La théorie des communistes se résume à «la formule unique qui est l’abolition de la propriété privée ». Ce thème est bien développé dans les écrits marxistes, en l’occurence dans l’ouvrage de Engels intitulé : L’origine de la famille, de la propriété privée et de L’État. Cet ouvrage dont Lénine, en 1917, précisera :« [...] J'espère que sur la question de l'État, vous lirez l'ouvrage de Engels L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'État. C'est une des oeuvres maîtresses du socialisme moderne, où l'on peut faire confiance à chaque phrase, être sûr qu'elle n'a pas été écrite au petit bonheur, mais qu'elle s'appuie sur une énorme documentation historique et politique. »( cf, lgdj.fr). Bien évidemment le sujet de la propriété bourgeoise  est bien traité par ailleurs dans les écrits de Marx er Engels. Nous nous limitons au seul ouvrage : Manifeste du Parti communiste. 

Marx et Engels ne se trompent pas de vue. Ils distinguent la propriété privée de la propriété personnelle et de la propriété féodale. Celle ci correspond au mode de production et d’appropriation féodale. La propriété privée correspond à un autre mode de production et d’appropriation sociale. C’est la propriété bourgeoise, dite « propriété privée moderne ». 

Jusqu’au la, la notion de la propriété privée risque de ne pas être suffisamment claire pour les ouvriers et dans les rangs de leurs organisations de toute nature. Ce malentendu ou cette mal-compréhension pourrait résulter du fait que les ouvriers et un grand nombre de masses qui disposent de quelques biens, comme le logement, considèrent que leurs appropriations propres font partie de ce qu’on appelle la propriété privée, par conséquent ils se mettent du coté de la bourgeoisie contre l’abolition de sa propriété privée. Ces gens pensent que le communisme appellent à l’expropriation de leurs biens et leurs appropriations sociales et les jettent dans la pauvreté. Or le communisme n’a rien avoir avec tout cela. 

Pour enlever tout malentendu ; à cet égard, Marx et Engels expliquent bien de quoi parle-on et en quoi consiste la propriété privée et son abolition? 

II/ les reproches et critiques faites aux communistes. 

Le premier reproche fait à l’égard des communistes est de vouloir « abolir  la propriété personnellement acquise, fruit du travail de l’individu, propriété que l’on dise être la base de la liberté, de toute activité, de toute indépendance personnelle »( cf, Manifeste du Parti communiste précité). 

Marx et Engels précisent que cette «propriété, fruit du travail et du mérite personnel» est une forme de propriété antérieure à la propriété bourgeoise» et que cette propriété est celle du petit bourgeois, du petit paysan. Ils constatent que cette forme de propriété est abolie chaque jour par le progrès industriel, enfin de compte par la propriété privée, propriété bourgeoise. 

Marx et Engels parlent de la propriété bourgeoise qui abolit toutes les autres propriétés, féodale et personnelle du petit bourgeois et du petit paysan. 

Ils se posent la question du travail salarié et se demandent si « le travail salarié, le travail prolétaire crée pour lui de la propriété? »

À cette question les fondateurs du marxisme répondent que le travail salarié du prolétaire produit le capital qui exploite le travail salarié. Cette propriété qui est le capital ne peut s’accroitre qu’à «la condition de produire de nouveau du travail salarié, afin de l’exploiter de nouveau». Donc la propriété se situe entre ces deux termes contradictoires ( le travail salarié et le capital). 

Le capital, nous disent les deux théoriciens, est un produit collectif. Ce produit collectif «ne peut être mis en mouvement que par l’activité commune de nombreux individus, et même, en dernière analyse, que par l’activité commune de tous les membres de la société ». 

Contrairement à ce qu’on peut penser, plutôt à ce que les bourgeois veulent faire penser aux ouvriers, le capital n’est pas personnel ou une puissance personnel, le capital est plutôt une «puissance collective», soulignent les deux penseurs. Le capital est un pouvoir social monopolisé par les bourgeois et repose sur l’exploitation de la masse du travail salarié. Pour plus de détail, cf le Manifeste et surtout le célèbre ouvrage Le Capital. 

Le travail salarié, quant à lui, est «la somme des moyens de subsistances nécessaires pour maintenir l’ouvrier en tant qu’ouvrier». Le prolétaire ne peut s’approprier, par son activité salariale, que ses moyens de subsistances, il peut se nourrir pour maintenir sa force de travail, s’habiller, se loger et peut même se distraire de temps en temps. Cette appropriation misérable de son travail ne se constitue pas en une propriété sociale qui produit du profit comme c’est le cas du capital. Cette appropriation net ne produit pas «du profit net qui pourrait conférer un pouvoir sur le travail d’autrui». 

Ce que veulent les communistes c’est tout à fait l’inverse, ils veulent abolir «le caractère misérable de cette appropriation qui fait que l’ouvrier ne vit que pour accroitre le capital, et ne vit qu’autant que l’exigent les intérêts de la classe dominante». 

III/ Quelques réponses du Manifeste aux critiques bourgeoises

Engels et Marx s’adressent aux bourgeois dans ces termes: "vous êtes saisis d’horreur parce que vous voulons abolir la propriété privée ». 

Le Manifeste du Parti communiste explique que la propriété privée est abolie pour les neuf dixièmes (9/10) des membres de la société bourgeoise. Et que si la propriété privée existe c’est exactement parce qu’elle n’existe pas pour la majorité écrasante des membres de la société bourgeoise. 

Donc les conditions nécessaires pour qu’existe la propriété privée est la privation de «l’immense majorité de la société» de toute propriété. La propriété privée existe parce que c’est le travail d’autrui, travail des prolétaires, lui est injectée et devienne une force sociale. 

À l’accusation que les communistes veulent abolir cette propriété privée qui est celle des bourgeois, Engels et Marx affirme que la volonté des communistes est exactement d’abolir la propriété bourgeoise et non la propriété personnelle. 

Du moment où le travail ne soit pas salarié, c’est à dire qu’il ne produit du capital ou «converti en capital, en argent, en rente foncière, bref en pouvoir social » ou alors dès que la propriété individuelle ne se transforme pas en propriété bourgeoise, les bourgeois crient à la suppression de l’individu et ses libertés. En réalité les bourgeois parlent d’eux même comme étant individus privés de leurs libertés d’exploiter le travail des prolétaires. 

Le Manifeste conclue que «le communisme n’enlève à personne le pouvoir de s’approprier des produits sociaux, il n’ôte que le pouvoir  d’asservir le travail d’autrui à l’aide de cette appropriation». L’appropriation des biens communs , de tous les produits sociaux par les capitalistes. 

MO, France le 5/12/2021.




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